ansu studios : quand l’orfèvrerie se fait textile

C’est auprès des plus grandes maisons de haute couture qu’ansu fait ses armes. Plumassière et brodeuse, elle exécute des gestes techniques ancestraux précis pour donner vie à des pièces de mode d’exception durant une dizaine d’années, avant de quitter cet univers pour se consacrer aux mille projets qui fourmillent dans son esprit, et au bout de ses doigts. « J’ai toujours été passionnée par la haute couture, et dès l’enfance, je me suis passionnée pour la haute couture qui expriment la beauté de façon théâtrale. Mais après plusieurs années à broder pour ces grandes maisons, j’ai senti qu’il était temps pour moi de donner vie à mes idées et de lancer mon propre projet. J’ai commencé par créer des clutch que je qualifiais de tableaux portables et des noeuds papillon sur mesure, avec choix des matières. Autour de moi, cette terminologie n’était pas comprise, alors, voulant rester fidèle à mes valeurs. Naturellement, je me suis tournée vers l’Art, une de mes sources d’inspiration. Lorsque je visite une exposition je garde en mémoire un détail, puis l’idée évolue: je la dessine, la brode, la sculpte… C’est ainsi que l’aventure ansu x ansu studios a débuté, avec encore tant de projets » nous raconte la créatrice.

Si ansu a quitté les ateliers de haute couture, les techniques et les matières qui ont fait son corps de métier la suivent dans le projet ansu x ansu studios. La plume, la broderie main et au crochet de Lunéville, mais aussi la broderie métallique, qu’elle développe, font désormais partie de son vocabulaire de la main. Ces matières, ansu les déclinent dans des œuvres d’une grande diversité, allant de la sculpture brodée de perles au bol en plumes de biot d’oie, aux installations métalliques aériennes. Une pluralité qui se cristallise cependant autour d’un leitmotiv : le Corail: sa résilience appliquée à l’Homme. « Je suis très sensible au monde marin, et pour cette raison j’ai décidé de placer le comportement du corail au centre de mon processus de création. C’est un organisme vivant qui se meurt, victime des dégâts causés par l’humain. Il souffre en silence, oublié, comme de nombreuses populations laissées dans l’ombre. Forte de mes expériences douloureuses, ce projet est une forme de résilience, que j’exprime à travers ce motif qui prend vie sous de nombreuses formes » confie l’artiste.
Cette sensibilité qui confère une identité unique à son projet, ansu la développe également à travers le filtre de la durabilité. Dans ses créations, nombre de matériaux sont revalorisés. Une approche responsable qui ne retire rien à l’esthétique de l’œuvre, mais à l’inverse, lui confère un nouveau sens, plus profond. Pour l’une de ses pièces, ansu a récupéré des plumes d’un autre projet, puis les a bombées de peinture pour leur conférer un rendu inédit, permettant à la diffraction de la lumière d’opérer sa magie. Parce que la vie est Détails - avec un grand D, et au pluriel nous précise-t-elle - sa minutie participe sans aucun doute à l’aboutissement d’un univers aux multiples niveaux de lecture, et toujours empli de poésie.