Pour comprendre la pratique de Caroline Besse, il faut saisir l’importance d’une notion dans son travail, celle de la couleur. Créative par nature, elle dessine dès le plus jeune âge. Une passion qui la mène à changer de cap après des études de gestion pour devenir peintre décorateur. « Je souhaitais exercer une profession à mi-chemin entre la peinture, l’architecture, l’architecture d’intérieur, et la décoration. Le métier de peintre décorateur s’est ainsi présenté comme la combinaison parfaite de ces univers. C’est à travers cette profession que j’ai développé une passion pour les couleurs, le travail en superposition, le mélange des teintes et pigments » nous confie-t-elle. Mais après avoir exercé pendant plusieurs années, Caroline Besse décide de rechercher des solutions pour l’exercer sans avoir recourt à des matériaux toxiques et polluants. « Je travaillais au quotidien avec des solvants toxiques et je voulais me tourner vers des matières et des techniques plus naturelles, moins nocives. J’avais étudié en parallèle de mon travail les techniques d’iconographie traditionnelles asiatiques, qui font notamment usage de minéraux broyés. Ce processus et l’intensité des couleurs m’ont tout de suite attirée, et j’ai décidé de développer ma propre technique pour l’appliquer dans des projets de décoration ».
La technique de travail de Caroline Besse prend alors racine dans la matière. Si au départ elle fait importer directement du Japon les minéraux broyés nécessaires à ses projets, elle se lance il y a quelques années dans la création de sa propre matière première, réalisant un relevé chromatique des nombreux minéraux dont regorge le territoire français. Une fois le minéral broyé, plus ou moins finement selon l’effet désiré, vient l’étape de l’application. Apposé sur un papier à l’aide de colles naturelles, le pigment est superposé en couches successives, avant que la feuille ne soit marouflée au mur ou sur tout autre support. Au début de son projet, l’artiste se focalise sur des réalisations abstraites dans lesquelles la couleur se fait reine. « La couleur est très importante pour moi. Je voulais, par mon travail, exprimer toute la force et la puissance des tonalités des pigments minéraux. Je perçois mes œuvres monumentales comme des immersions, une possibilité de faire l’expérience de la couleur, de s’y plonger, et de provoquer des émotions fortes » précise-t-elle. Aujourd’hui sa pratique évolue, et ses supports se diversifient. Parmi ses sujets d’expérimentation de cette dernière année, on retrouve le textile. Le pigment minéral s’applique alors désormais sur des fibres naturelles, de la soie au coton. « J’ai dû rechercher de nouvelles techniques, de nouveaux liants, pour permettre à la couleur d’être appliquée, en tenant compte de la tenue du support. Cette nouvelle étape dans ma pratique se distingue par la technique, mais aussi par le graphisme. Je m’inspire ici des éléments de la nature et appose sur le tissu des motifs plus figuratifs. En parallèle, je travaille également à une nouvelle technique : le travail sur cuir. Un nouveau défi, qui démontre cependant la versatilité, et la beauté, des pigments minéraux ».