Lentiez Ceramics, Bauhaus du Finistère

Par Lisa Agostini

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© Charlaine Croguennec

Installée depuis deux ans dans le Finistère, la céramiste Hélène Lentiez développe un répertoire esthétique qui fait la part belle à la nature et l’infiniment petit, tout en convoquant architecture et Bauhaus.

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Il y a deux ans, Hélène Lentiez change d’horizon. Officiant depuis plusieurs années dans l’encadrement d’art, dans un atelier du Marais à Paris, la jeune femme a une idée en tête. « J’aimais mon métier à l’époque, mais j’avais vraiment envie de créer des objets de A à Z. Je voyais passer beaucoup d’œuvres d’art entre mes mains, mais c’était plus de la mise en valeur, de la conservation que de la création. Aussi, j’avais envie de partir vivre près de la mer… » La céramiste en devenir part en quête d’une matière pour s’exprimer. « J’ai remarqué que dans les musées, les œuvres qui avaient ma préférence étaient toujours des sculptures en céramique. J’adorais la matière, les couleurs. J’ai donc pris des cours du soir, pour voir si je pouvais faire quelque chose avec cette matière. » La rencontre, entre la créatrice et son futur médium, s’avère heureuse. « J’ai tendance à me lasser assez vite. Et la céramique est idéale pour moi, dans le sens où elle permet de créer tous types d’objets, de faire tout type de recherche. Elle offre un spectre de possibilités particulièrement large, voire infini. » Sa décision est prise. Elle gagne alors Vannes, en Bretagne, pour y faire sa reconversion en neuf mois. « C’était passionnant, on nous apprenait à faire nos émaux nous-mêmes, mais aussi beaucoup de tournages. » En parallèle, Hélène prend plaisir à faire des « hors-sujet, des petites sculptures », avant de trouver sa signature, un vase tout en arêtes, aux allures cubiques, qu’elle façonne dans son atelier de Plomodiern, dans le Finistère, à deux pas de l’Atlantique. Elle voit dans la construction de ses pièces « une continuité avec l’encadrement, parce que je trace, je découpe, pour ensuite assembler » les différentes plaques de terre. Amatrice d’architecture, elle devine dans l’allure rigide de ses créations, l’influence du Bauhaus, mouvement cher à son cœur. Ses petites architectures, elle les habille d’émaux, conçus à l’aide de savants mélanges, qu’elle associe au gré de ses envies, à des coquilles Saint-Jacques, du sable ou à des éclats de granit. Le résultat ? Une ode à la nature, à l’image de Cuubik lichen, et son manteau volcanique rose et bleu, qui, comme son nom l’indique, évoque ce « lichen que l’on peut retrouver sur les roches. C’est un organisme qui me fascine d’ailleurs, parce qu’à la fois champignon et algue. » Son goût du vivant se manifeste également dans Molécules, où elle capture la dopamine, la molécule du plaisir, tandis qu’avec Psyché, elle immortalise « l’harmonie entre corps et esprit ». Un an et demi après avoir trouvé sa voie, Hélène Lentiez est bien décidée à donner de l’ampleur à ses vases et à leur offrir une nouvelle direction. « Je souhaite me concentrer pour ne pas trop m’éparpiller, mais je ne dirais pas non à de nouvelles expérimentations, en réalisant des petits meubles, en m’inspirant de mes vases Molécules par exemple. Et pourquoi ne pas non plus créer des cadres ? » Et ainsi revenir à ses premiers amours. •

photos : Cuubik Small Lagoon et Safrané, Lentiez Céramique • © Charlaine Croguennec